Pas de COP 21 sans service public [projet]

La conférence internationale sur le climat sous l’égide de l’ONU se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

Sans l’intervention des citoyens, les chefs d’État de la planète qui se réunissent à nouveau ne prendront aucune mesure à hauteur des enjeux pour faire face au dérèglement climatique.

D’ores et déjà le phénomène se traduit par la montée des eaux côtières, les tornades meurtrières, des incendies gigantesques (Californie, Portugal…), etc.

Cette situation amplifie des conflits de toutes sortes dont les guerres pour le contrôle de l’eau et des ressources naturelles essentielles. Elle menace de pousser des millions de personnes, les populations les plus déshéritées, à l’exode.


Un mode de développement en cause

Les scientifiques ont démontré qu’un réchauffement climatique de plusieurs degrés dans les prochaines décennies est en cours. Il est le produit d’activités reposant sur l’exploitation irraisonné des êtres humains et de nos ressources naturelles. La recherche du profit par les multinationales se fait au mépris de la santé des populations, de leur environnement, de la biodiviersité, d’un développement équilibré et durable, d’une juste répartition des richesses, de la souveraineté des peuples, de la démocratie. Le lien entre l’exposition aux différents polluants atmosphériques, les pesticides et le développement de pathologies graves de plus en plus nombreuses est maintenant acquis. Son coût social et son impact sur les finances publiques est sciemment ignoré.


L’enjeu du service public

Les grands groupes capitalistes dominent le monde comme leurs ancêtres dominaient les états européens à la fin du 19ème siècle.

Leur « management » se fait au détriment de la santé, de l’émancipation des femmes et des hommes, de l’équilibre de notre planète. Tout est subordonné au profit. La prétendue régulation par « la main invisible du marché » est un leurre : la dérégulation qu’elle induit impose un laisser faire de la domination  de l’argent sur l’Humain, de la captation des richesses produites par le plus grand nombre au profit d’une infime minorité,  de la montée des inégalités de toute nature, des graves atteintes à l’environnement.

Les grands groupes font pression sur les gouvernements et les institutions internationales pour défendre leurs intérêts. Croire que la transformation de nos modes et objectifs de production auront lieu grâce à la volonté de ces acteurs – principaux bénéficiaires du système actuel- est un dangereux mirage.

Au contraire, faire prévaloir le bien commun, exige des politiques publiques d’envergure nouvelles à tous les niveaux, national, européen, mondial.

Cela nécessite des outils de démocratie et d’égalité qui puissent être le plus indépendant possible des marchés financiers. Cela passe donc par de grands services publics démocratisés, en lien avec l’économie sociale et solidaires, pour réorienter le rapport de force et notre mode de développement.


L’intervention citoyenne et la convergence du mouvement social indispensable pour des politiques publiques efficaces.

On ne peut en rester aux incantations. A quoi sert l’annonce du Président de la République  d’augmenter les aides aux pays du Sud pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatique alors qu’elles baissent depuis 5 ans et que le projet de budget 2016 les amputent de 170 millions d’euros ?

L’aide au développement est estimé à 100 milliards de dollars par an alors que la seule évasion fiscale réalisée avec le concours des banques coûte 1 000 milliards de dollars par an à l’ensemble des budgets publics. Que fait-on pour réorienter cette manne financière ?

La Cop 21 et la défense de l’environnement sont présentés comme une priorité. Mais dans les faits on renonce à toute politique publique volontariste, à l’aménagement équilibré de notre territoire, à l’orientation politique de notre économie. Tout est sacrifié sur l’autel d’une prétendue rentabilité, jusqu’aux moyens d’interventions que constituent les services publics. Année après année, et de nouveau dans le projet de budget 2016 de la France, les services scientifiques et techniques et les services de contrôle de l’Etat sont progressivement dépossédés de leurs moyens d’agir. Les effectifs ayant à charge la régulation de notre économie fondent comme neige au soleil. Ceux du ministère de l’Ecologie ne font pas exception. Ses moyens budgétaires non plus notamment les sommes qu’ils allouent aux actions des collectivités locales. Collectivités déjà étranglées par la baisse des dotations de l’Etat induite par  la politique d’austérité.

Si l’on veut a minima que l’objectif de la COP 21 de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés avance il y a nécessité d’une mobilisation de toutes et tous pour exercer la pression indispensable sur les gouvernements pour faire prévaloir l’intérêt général, le bien commun sur les intérêts financiers des multinationales.


Réaliser la transition écologique et sociale

Les systèmes productivistes, par essence, n’ont aucun souci des conséquences sociales et environnementales de leurs modes de fonctionnement. L’avenir des hommes dans leur ensemble n’est pas leur préoccupation. Seul leur importe celui des quelques-uns d’entre eux.

La mise en concurrence des peuples et des territoires est lui même porteur de désordre, de gaspillage, de dégradation de l’environnement. Le coût réel découlant des délocalisations et de ses impacts sur la planète est éludé.

Dans notre pays, la réforme territoriale a pour but avoué la concentration des moyens financiers, intellectuels et humains sur les métropoles. Cela au nom du crédo de la « compétitivité ». C’est l’amplification de la désertification rurale et son extension aux petites villes voire aux villes moyennes. Nous devons refuser que le citoyen, le salarié, l’usager et leur environnement ne soient plus qu’une simple variable d’ajustement.

La transition écologique ne peut passer que par un changement de système de production, de distribution, de consommation et par des solidarités entre les territoires nationaux et internationaux.

Le service public du 21è siècle

Nous sommes dans un monde d’interdépendances. Cela appelle le déploiement de politiques publiques solidaires à la hauteur des enjeux. Ce n’est pas la réduction du financement public dont nous avons besoin mais au contraire de son développement au service du bien commun.

Cela passe par la transparence des politiques publiques et de l’utilisation de l’argent public mais aussi par la co-construction avec les acteurs du mouvement social, avec les citoyens, les personnels, les élus. La démocratisation de notre société tout comme celle des services publics est une donnée décisive.

Ces questions sont au cœur des mobilisations et réflexions que la convergence organisera tout au long de l’année 2016 avec les Assises du service public et l’élaboration d’un manifeste du service public du 21è siècle.

La Convergence de défense et développement de services publics soutient et appelle à participer à toutes les actions à l’occasion de la conférence sur le climat, pour promouvoir un vaste mouvement en France et dans le monde au service d’une nouvelle dynamique de développement, de la nécessaire transition écologique et de la satisfaction des besoins humains.

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